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Évaluation du soutien de l’Union européenne aux langues régionales et minoritaires : 10 ans après la résolution Alfonsi (2013-2023)

L’étude « Evaluation du soutien de l’Union européenne aux langues régionales et minoritaires : 10 ans après la résolution Alfonsi (2013-2023) » démontre un manque de volonté politique de la part de la Commission Européenne pour protéger et promouvoir les langues régionales et minoritaires.

 

Cette étude co-financée par 8 député.e.s européen.ne.s : Diana Riba i Giner (Greens/EFA), Rasmus Andresen (Greens/EFA), Izaskun Bilbao Barandica (Renew), Carles Puigdemont (NI), Clara Ponsati (NI), Antoni Comin (NI), Tatjana Zdanoka (NI) et François Alfonsi (Greens/EFA) est réalisée par Vicent Climent-Ferrando, chercheur à l’Université Pompeu Fabra et Chair de l’UNESCO sur les politiques linguistiques pour le multilinguisme.

Elle prend comme point de départ le rapport Alfonsi de 2013 sur les langues en danger, adopté à une grande majorité par le Parlement Européen. La résolution Alfonsi notait que ces langues ne recevaient pas suffisamment d’attention dans le cadre de la politique de multilinguisme de la Commission et que leur financement avait diminué au fil des ans ; une situation qui n’aurait pas dû se poursuivre dans le cadre financier pluriannuel suivant (2014-2020).

Cette étude retrace l’évolution du soutien de l’UE aux langues minoritaires et régionales au cours de cette période (2013-2023) en utilisant l’analyse des politiques publiques.

Ses conclusions sont plus qu’alarmantes et démontrent que les langues régionales et minoritaires sont gravement menacées d’extinction. L’étude souligne notamment les problématiques suivantes :

  • Manque de données et de statistiques sur les langues en danger, notamment sur leur financement ;
  • Priorité aux langues d’un point de vue économique, ce qui créé une hiérarchie artificielle entre des langues considérées comme utiles et des langues considérées comme moins nécessaires ;
  • Absence de prise en compte des langues minoritaires et régionales dans le cadre du développement des technologies linguistiques, ce qui contribue à leur extinction numérique.

Cette absence de volonté politique et de mise à l’agenda politique des langues minoritaires et régionales est justifiée par le fait que la Commission ne dispose pas de compétences en matière de politique linguistique ; compétence qui serait strictement réservée aux Etats membres.

Toutefois, on se rend compte avec cette étude que la Commission a déjà coopéré dans le domaine de l’apprentissage des langues avec les Etats Membres par le biais de la Méthode Ouverte de Coordination (MOC), l’instrument visant à identifier « les bonnes pratiques politiques parmi le grand réservoir d’approches politiques diverses au sein de l’UE et proposer des actions communes ». Cette méthode qui est déjà utilisée par la Commission pour les langues officielles ne l’est pourtant pas pour les langues en danger.

Les député.e.s qui ont présenté cette étude au cours d’une conférence de presse et d’une réunion de l’intergroupe minorités sont résolus à faire pression sur la Commission.

François Alfonsi a souligné lors de la conférence de presse : « Quand j’ai présenté ce rapport au Parlement Européen il y a 10 ans, cela avait été un vote très massif de tous les pays, partis et groupe politiques. La Commission a donc un devoir vis-à-vis du Parlement Européen ; c’est d’aller proposer des politiques qui correspondent à la volonté qui s’exprime au Parlement. Cela n’a pas été fait du tout par la précédente Commission et la Commission actuelle. Il y a une forme de mépris vis-à-vis de certaines cultures et langues qui ont pourtant contribuées à construire l’Europe dans son histoire, tout autant que les langues qui sont considérées comme officielles aujourd’hui par l’UE ».

Diana Riba i Giner a ajouté : « Aujourd’hui, nous sommes en train de créer un décalage entre les langues que certains considèrent comme utiles et nécessaires et les autres langues dites régionales ou minoritaires, qui sont absentes ou considérées comme non pertinentes. Cette perception ne coïncide pas avec la réalité des langues. Il s’agit de langues avec lesquelles des millions de personnes créent, communiquent, vivent et ressentent chaque jour. Face à cette réalité, nous demandons à la Commission européenne de l’ambition mais aussi de la créativité car il y a beaucoup de place pour l’amélioration et beaucoup de terrain inexploré pour soutenir le multilinguisme en Europe.

Accéder à l’étude dans son intégralité : Assessing the European Union’s support to Regional and Minority Languages

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