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Conseil de l’Europe : Conférence perspectives européennes des identités nationales

Conseil de l’Europe : conférence perspectives européennes des identités nationales. Remobiliser à tous les niveaux : UE, Parlement Européen, ONG, Conseil de l’Europe, Cté des Régions, Nations Unies… Pour en finir avec l’indifférence et l’hostilité des États et de la Commission.

Intervention ce 19 octobre 2021

 

Mesdames, messieurs,

Notre réunion d’aujourd’hui doit participer d’un élan de remobilisation en faveur des droits des minorités nationales, et en faveur des langues régionales et minoritaires en Europe.

Car la situation n’est pas bonne.

1/ Elle n’est pas bonne du côté des États.

Dans beaucoup d’entre eux, nous devons faire face à une hostilité croissante. C’est le cas en France par exemple où une loi votée récemment par une très large majorité de parlementaires pour soutenir l’enseignement par immersion des langues régionales a été censurée par le Conseil Constitutionnel. Qu’un Conseil Constitutionnel en vienne à censurer une méthode pédagogique, c’est le signe fort d’un système d’Etat tout à fait hostile à nos aspirations.

C’est aussi le cas dans d’autres Etats-membres, en Espagne par exemple où l’État central attaque les avancées obtenues par la langue catalane, aux îles Aland où la communication de l’État finnois sur la crise sanitaire du Covid a ignoré la langue suédoise qui est la seule en usage sur le territoire de ces îles. La minorité hongroise fait face à une hostilité toujours plus forte dans plusieurs États comme la Roumanie ou l’Ukraine.

Ainsi, le plus souvent, les Etats, leurs hautes administrations et leurs gouvernements sont soit indifférents, soit hostiles. Très peu d’États continuent à apporter un soutien aux minorités nationales et aux langues et cultures régionales, montrant alors que « diversità face ricchezza ». Il y a des reculs et des dérives dans la plupart des Etats européens.

2/ La situation n’est pas bonne non plus au niveau de l’Union Européenne.

La politique de l’Etat français contre la langue corse n’est pas seulement une attitude hostile au peuple corse. Elle est aussi, fondamentalement, une attitude anti-européenne car la culture corse participe au Patrimoine de l’Europe et à sa diversité que les Traités se sont engagés à préserver.

Or l’Union Européenne n’apporte plus aucune considération ni aucun soutien aux problèmes que nous rencontrons. Au contraire, nous percevons une évolution négative qui va de l’indifférence vers l’hostilité.

C’est ce que nous avons ressenti à propos du Minority SafePack, une Initiative Citoyenne Européenne exemplaire qui a rassemblé 1,2 million de citoyens européens, qui a été appuyée par une large majorité du Parlement Européen, ainsi que par plusieurs parlements régionaux et nationaux, y compris le Bundestag.

La Commission a ignoré les demandes démocratiques ainsi formulées ; elle s’est refusée absolument à en traduire les propositions dans des actes législatifs comme cela lui était demandé.

J’ai moi-même fait voter il y a dix ans un rapport sur les langues menacées de disparition sans qu’il lui soit véritablement donné suite, malgré son adoption par la quasi-unanimité du Parlement Européen.

Les exemples abondent : l’Europe se désengage de ces dossiers, et contribue ainsi à un recul de nos droits et de notre diversité linguistique.

3/ Face à cette situation, nous devons engager un nouvel élan de mobilisation en faveur de la diversité culturelle de l’Europe.

Un cadre vient de s’ouvrir : celui de la conférence sur l’Avenir de l’Europe. Il faut s’y faire entendre. L’Avenir de l’Europe ne peut être acceptable si nos langues continuent à y être menacées d’extinction, si nos minorités continuent à être privées de leurs droits comme c’est le cas aujourd’hui.

Ce message nous devons le porter ensemble : nous autres en tant que députés de l’Intergroupe au Parlement Européen, mais aussi ici au Conseil de l’Europe, aux Nations Unies, avec l’implication des gouvernements régionaux engagés dans la défense et la promotion de leurs langues spécifiques, et en s’adressant à la Société Civile, à tous les organismes et associations impliqués dans ces combats.

Ensemble, nous devons développer une stratégie commune et engager un lobbying intense.

Notre combat est un combat pour les droits de l’Homme.

Il faut s’adresser aux instances européennes car elles ont une responsabilité fondamentale dans la sauvegarde de nos langues et de nos cultures qui sont toutes parties prenantes dún Patrimoine immatériel européen.

Le respect des droits des minorités, la défense de leurs langues et de leurs cultures, font partie intégrante de « l’état de droit » que doit défendre l’Union Européenne.

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